Commander

Commandez le livre directement en version imprimée via Edubook ici.

Commander maintenant

Téléchargement

SchoolMatters




retour à l'accueil
21 décembre 2021

06 Intervention précoce dans le domaine de la santé psychique

Téléchargement

6.1 Planifier l’IP et la mettre en œuvre de façon systématique

L'introduction systématique d’un processus d'intervention précoce passe nécessairement par une discussion à propos des attitudes du corps enseignant et des autres professionnel·le·s impliqué·e·s auprès des élèves (travail social en milieu scolaire, médiateurs/trices, etc.). La Charte pour l'intervention précoce (cf. www.radix.ch/fr/ecoles-en-sante/themes/intervention-precoce) constitue une base à cet égard.

Avant de pouvoir planifier des mesures concrètes, il faut également connaître la situation sur le terrain. L'objectif d'une analyse de situation est de clarifier les besoins des groupes cibles et d'impliquer les personnes clés dans la planification des mesures. Pour les écoles, il s’avère utile de discuter et de clarifier les questions suivantes en lien avec les élèves, ceci en prenant en compte les facteurs contextuels , par exemple lors d'un workshop (d'une durée d'environ 3 heures) avec les personnes clés (cf. également www.radix.ch/fr/communes-en-sante/themes/analyse-des-besoins) :

  • Quels sont les situations de vulnérabilités, les comportements à risque, les points sensibles?
  • Quels services/offres existent déjà pour répondre à ces questions, quel est leur potentiel?
  • Qui est responsable de quoi?
  • Qu'est-ce qui doit changer? Quelles sont les mesures souhaitées? Jusqu'à quand?

Principes éthiques de l’intervention précoce

  • Les phases de crise font partie du cours normal du développement des enfants et des adolescent·e·s. L’IP tient compte de ce fait et reconnaît le droit des jeunes à être différent·e·s et/ou à être dans le rejet ou le refus.
  • L’IP doit rester soucieuse du bien-être des élèves et fidèle au principe de proportionnalité. La santé et les possibilités de développement des enfants et des adolescent·e·s ayant des comportements à risque sont essentielles.
  • L’IP est un aspect important de la prévention et ne doit pas être confondue avec l'intervention en cas de crise (pour la gestion des crises, voir le chapitre 9.4). L’IP ne doit pas non plus être utilisée à mauvais escient pour faire régner la discipline auprès des jeunes. [1]

Afin d'atteindre l'objectif principal de l’intervention précoce, à savoir donner à tous les acteurs (direction d’établissement, enseignant·e·s, personnels de l'école et idéalement aussi travail avec les jeunes et représentant·e·s des communes) la confiance nécessaire pour agir en faveur des enfants et des jeunes en situation de vulnérabilité, un guide d'action clair est indispensable. Lors de l'élaboration de ce guide d’action, il convient de prendre en compte les éléments suivants :

  • La procédure doit être logique et systématique : c'est-à-dire des objectifs clairs, des mesures justifiées, des messages compréhensibles.
  • Assurer la durabilité du protocole (par ex., créer ou adapter les structures en continu).
  • Assurer une bonne mise en réseau (local, régional, cantonal).
  • La responsabilité de la conception et de la mise en œuvre des projets d’IP incombe à la direction de l'établissement (acceptation et engagement).
  • Les mesures d’intervention précoce visent à soutenir et à encourager les élèves, et non à les discipliner.
  • Les quatre facteurs suivants offrent une plus grande sécurité d'action à la direction d’établissement, aux enseignant·e·s, aux personnes de soutien et aux autres personnes concernées :
  1. Elaboration et mise en œuvre du guide d’action au sein de l'école,
  2. Echanges au sein du corps enseignant et des autres professionnel·le·s chargé·e·s d’accompagner et de soutenir les élèves (pédagogie spécialisée, personnes de soutiens, travail social en milieu scolaire ou médiateurs et médiatrices, service de psychologie scolaire, etc.)
  3. Bonne connaissance des signaux d'alerte par les différents acteurs de l’établissement
  4. Attitude commune dans l'ensemble de l'équipe (y compris chez le personnel d’entretien et au sein des structure d’accueil parascolaire).

Dans un second temps, le guide d’action est élaboré, clarifiant les procédures et les mesures. Des directives en plusieurs étapes offrent à toutes les personnes concernées une plus grande sécurité d'action et soulagent les enseignant·e·s.

Exemple de guide d'action en plusieurs étapes [1].
Étape 1 : Observation, identification, documentation, retours/feedback
Étape 2 : Entretien(s) avec l'élève concerné·e
Étape 3 : Impliquer les parents, tuteurs et tutrices
Étape 4 : Chercher de l'aide au sein de l'école (par ex. auprès des médiateurs et médiatrices ou du travail social en milieu scolaire)
Étape 5 : Impliquer un réseau d'aide externe (par ex. des services spécialisés)
Étape 6 : Signalement et mesures particulières (par exemple prise en charge dans une classe spécifique)

Facteurs de réussite [1]

  • La direction d’établissement est impliquée dans le développement et la mise en œuvre des directives pour l'ensemble du personnel.
  • Le guide d’action est mis en œuvre dans le cadre de sessions de formation continue ou de sensibilisation pour l'ensemble du personnel, y compris la pédagogie spécialisée, les autres professionnel·le·s chargé· e·s d’accompagner les élèves et le personnel administratif (entretien, etc.).
  • Les structures et les processus pour l’IP sont régulièrement évalués et adaptés si nécessaire.
  • L'implication précoce d’expert·e·s ou de services spécialisés externes décharge le personnel de l’école.

Sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), RADIX a mené avec la collaboration de la Haute école fribourgeoise de travail social, les trois volets d’un programme national intitulé «Intervention précoce dans le champ de la formation» pour favoriser l’implantation de modèles d’intervention précoce dans les écoles (écoles primaires, secondaires, semestres de motivation). Il a été mis en œuvre dans différentes écoles de Suisse romande et a donné lieu à différents documents de référence et outils pour accompagner les professionnel·le·s souhaitant mettre en œuvre ou développer un projet d’intervention précoce dans les établissements scolaires. Ces documents de références comptent des fiches pratiques proposant des instruments concrets, avec les lignes directrices pour implanter un tel projet et en déterminer le fil conducteur. Elles abordent notamment:

  • Une introduction à la démarche d’IP pour les écoles et les établissements de formation
  • Un modèle d’intervention
  • Une feuille de route et une planification
  • Des outils concernant l’inscription du projet dans l’école, la mise à l’agenda, l’état des lieux, la mobilisation des acteurs de l’école, le fonctionnement du groupe de pilotage, etc.
  • Des informations concernant la pérennisation d’un projet d’IP et les éléments-clés pour favoriser sa réussite

Vous pouvez télécharger ces documents de référence sur www.radix.ch/fr/ecoles-en-sante/offres/intervention-precoce-dans-les-ecoles/documents-de-reference

Le plan d’action est ensuite ancré dans la vie quotidienne de l'école. Des forums d'échange réguliers, dans un cadre juridique clair, avec des personnes clés et des fonctions/responsabilités claires garantissent que les points sensibles soient discutés à un stade précoce, que les nouveaux collaborateurs et collaboratrices soient systématiquement mis au courant des mesures et que l’IP fasse partie intégrante de la vie scolaire quotidienne. Pour une bonne gestion de la collaboration, il convient de tenir compte des aspects suivants :

  • Clarifier l'objectif et le sens de la collaboration (y compris l'attitude, les valeurs),
  • Définir des responsabilités et des procédures,
  • Mettre en place des jalons : rendez-vous réguliers, agendas, procès-verbaux,
  • Assurer la pérennité du personnel (y compris des garanties en termes de ressources financières, la description du poste, etc.),
  • Assurer une information et une communication internes et externes appropriées.

Une démarche IP dans l’établissement scolaire se termine là où commence la prise en charge. Le diagnostic, le traitement, la thérapie, les mesures juridiques nécessaires sont du ressort des services spécialisés et des autorités compétentes. Il est important d'impliquer des expert·e·s et des services spécialisés à un stade précoce.

En cas de négligence grave ou de suspicion de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, des mesures immédiates doivent être prises. Les enseignant·e·s sont légalement tenu·e·s d'informer la direction de l’établissement, qui doit à son tour signaler le danger. Sauf en cas de suspicion d'abus sexuel, les parents doivent être impliqué·e·s. À l'appui de cette démarche, il convient de s'entretenir avec les services de psychologie scolaire et les travailleurs sociaux et travailleuses sociales ou les médiateurs et médiatrices de l'école (cf. chapitre 5.2 Protection de l'enfance et obligation légale de signalement).

Pour approfondir, vous pouvez consulter l’article «Détection précoce de la violence sur les enfants » publié par la Protection de l’enfance Suisse. Des informations sont également disponibles sur www.kescha.ch/fr et www.kokes.ch/fr. Concernant les bases légales pour les écoles et les communes, vous trouverez une publication de l'Office fédéral de la santé publique sur www.radix.ch/fr/ecoles-en-sante/wwwplateforme-ipch.

 

1    Neuenschwander, M. & Wilhelm, Ch. (2015)