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SchoolMatters




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21 décembre 2021

09 Suicide et rôle de l’école

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9.3 Intervention précoce et prise en charge des élèves à risque

Le thème du suicide préoccupe de nombreux jeunes, ce qui fait partie du développement normal des adolescent·e·s, et n'est pas nécessairement un signe d'alarme. Il arrive toutefois que des pensées suicidaires prennent de plus en plus d'importance et qu'un risque de comportement suicidaire apparaisse. Il est donc important que les écoles prennent au sérieux toute expression, pensée, menace, tentative de suicide ou autre forme d'automutilation et qu'elles orientent les élèves vers des structures ou services spécialisés, si nécessaire. La question se pose également de savoir quelle forme de soutien peut être apporté par l'école aux élèves qui réintègrent la vie scolaire après une tentative de suicide. Un soutien professionnel peut réduire les risques quant à la survenue de problèmes additionnels (automutilation, suicide ou risque de suicide par imitation).

Remarque : pour une vision d'ensemble de l'intervention précoce (ou repérage précoce selon certaines cantons), consulter le chapitre 6 - intervention précoce dans le domaine de la santé psychique. 

Mise en place de structures de soutien professionnel
Lorsqu'une école débute dans la mise en place de structures de soutien, il est important d’opérer un transfert régulier des informations au sein de l’établissement scolaire. Par exemple, tous les membres de l'école doivent connaître clairement quelles personnes sont responsables de quoi, notamment en ce qui concerne les interventions ou le transfert d’informations vers des services spécialisés. Dans la mesure du possible, un·e conseiller ou une conseillère formé·e spécifiquement devrait coordonner ou gérer le système de soutien. Une telle personne – idéalement au moins une par établissement – peut par exemple se former grâce à la formation sur deux jours intitulée « Faire face au risque suicidaire », proposée par le Groupe Romand Prévention Suicide (GRPS). Cette formation abordant diverses thématiques (par ex. les idées reçues sur le suicide, la collaboration entre les différents acteurs, la modélisation de la crise suicidaire, les spécificités liées à l’âge et à la psychopathologie, etc.) permet aux professionnel·le·s l’ayant suivie de devenir des personnes ressources pour les autres professionnel·le·s de l’établissement. Le conseillé ou la conseillère formé·e aurait alors une plus grande responsabilité dans les interventions et le transfert d’informations vis-à-vis des autres enseignant·e·s et des autres conseillers ou conseillères non formé·e·s. Il faut donc s’assurer qu'il existe une démarcation claire. Concernant les autres professionnel·le·s concerné·e·s par la thématique du suicide jouant toutefois un rôle moins central, il existe des possibilités de formation moins coûteuses en temps et en argent (cf box en fin de chapitre). Le cours « ensa – Premiers secours en santé mentale orienté sur les jeunes » ou le cours spécifique « ensa – Dialogue sur les premiers secours en cas d’idées suicidaires », sont particulièrement appropriés (vous trouverez des informations à propos de ces deux cours au chapitre 5.5 et sur www.ensa.swiss). 

Notons que les conseillers ou conseillères scolaires internes et/ou les enseignant·e·s chargé·e·s du conseil devraient échanger avec d'autres expert·e·s et être en mesure de bénéficier d'offres de supervision afin de pouvoir discuter d'éventuelles confrontations avec des jeunes ou des collègues présentant un risque de suicide.

Reconnaître les signaux d'alerte et agir en conséquence
Les motifs poussant un·e jeune au suicide ou l’amenant à des pensées suicidaires peuvent être multiples. Il convient d'accorder une attention particulière aux élèves qui présentent soudainement des changements positifs ou négatifs dans leurs performances, accompagnés de changements comportementaux tels que le repli sur soi ou la tristesse. Les adolescent·e·s qui souffrent de problèmes psychologiques (par ex. une dépression) et/ou qui ont vécu un suicide dans leur environnement immédiat sont également plus susceptibles d'être à risque. Le canton de Zurich a publié un guide pour les écoles intitulé « Suizidalität im Jugendalter » dont est tiré le résumé suivant, qui évoque les caractéristiques pouvant être observées :

8.3 Reconnaître les tendances suicidaires Source : Gesundheits- und Bildungsdirektion Zürich (2021)

Vous trouverez également de plus amples informations notamment dans :

Mesures pour assurer la sécurité des élèves à risque et les orienter

  • Si vous avez des préoccupations concernant un·e élève, croisez vos observations et demandez l'avis d'un·e expert·e. Si c'est possible, expliquer à l'élève que vous êtes inquiet·e pour lui-elle et que vous devez informer ses parents. 
  • Lorsqu’un·e jeune est identifié·e comme présentant des tendances suicidaires, il est important d’être à l’écoute de ses préoccupations, d’assurer sa sécurité et de faire appel aux ressources internes de l'établissement. 
  • L'évaluation du risque suicidaire revient aux services médicaux-infirmiers ou à des personnes formées en conséquence.
  • Si le risque suicidaire est considéré comme élevé, tout doit être mis en œuvre pour assurer la sécurité du ou de la jeune. Cela peut signifier une levée de confidentialité, le retraits des moyens éventuellement utilisables pour un suicide ou, si nécessaire, l’organisation d’un placement dans un environnement supervisé (par ex. via les services de psychologie scolaire).
  • L’école doit contacter les parents pour discuter des procédures et de l’orientation vers un service approprié.
  • Même les expert·e·s ne peuvent prédire avec certitude qui est susceptibles de commettre un suicide, même lorsque plusieurs facteurs de risque coïncident. Cela suggère que tous et toutes les jeunes à risque devraient être soutenu·e·s et, le cas échéant, orienté·e·s vers des services de conseils appropriés. L’objectif d’une école doit résider dans le fait de maximiser le soutien à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur de l’établissement scolaire, et de réduire les risques.

Posture professionnelle de l'enseignant-e avec les élèves à risques

  • Faites preuve de respect et de compréhension envers les élèves, leurs stratégies d’adaptation et leur capacité de discernement.
  • Tentez d’augmenter la confiance des élèves et de réduire le sentiment qu’ils et elles peuvent avoir de « ne pas être normal ».
  • Abordez les éventuelles mesures (supplémentaires) existantes au sein de l’école dans son ensemble et au sein de la classe, qui pourraient être envisagées pour traiter les questions de santé psychique (par ex. espace sécurisé pour se retirer au calme, création de règles de classe supplémentaires, personne de contact permanente en dehors de la classe).
  • Récompensez et valorisez le comportement de recherche d'aide. Encouragez les élèves à chercher du soutien et de l'aide et favorisez l'acceptation de ce comportement.
  • Veillez à décharger et soulager les élèves qui vous font part de leurs inquiétudes pour quelqu’un d’autre, en leur montrant que vous prenez vous-même la responsabilité de la situation. Remerciez-les pour les informations et félicitez-les d’avoir eu le courage d’en parler.
  • Ne minimisez en aucun cas la thématique ou les problèmes : rassurez les élèves en leur disant qu'ils/elles trouveront une aide appropriée.
  • Ne promettez pas de garder le secret et expliquez pourquoi vous ne pouvez pas le faire (chapitre 5.1).
  • Informez toutes les personnes qui ont besoin d’être au courant et ne transmettez pas d'autres informations.
  • Respectez autant que possible la sphère privée du ou de la jeune en question et utilisez un endroit où vous pouvez parler sans être dérangé·e·s.
  • Parlez à vos élèves des absences scolaires ou de l'indulgence dans les résultats scolaires éventuellement envisageables en fonction de leur situation.
  • Prenez suffisamment de temps pour ces discussions.
  • Prenez conscience que les facteurs de risque de suicide peuvent également être des signes d'autres comportements négatifs ayant des conséquences à long terme, comme la toxicomanie, la délinquance ou l'absentéisme scolaire.
  • Informer régulièrement les élèves et les parents sur les mesures scolaires, les stratégies de médiation et de soutien et la circulation des informations : Que dit-on à qui, comment, quand et pourquoi ?
  • Travailler avec les élèves concerné·e·s, leurs familles et les services extérieurs de conseil ou de thérapie pour planifier le soutien et la réintégration au sein de l'école et de la classe.

Lignes directrices pour la prévention du suicide
Un protocole ou des lignes directrices claires sur la manière de procéder en cas de constat de certains signaux d’alerte est indispensable pour les écoles. Les enseignant·e·s et les personnes de référence savent où signaler leurs observations et comment réagir. La garantie que les mesures soient prises au plus proche de leurs connaissances et de leurs convictions dans l'intérêt de l'adolescent·e soulage également les enseignant·e·s et les personnes chargées des soins.

Les principaux éléments d’un plan d'action sont la réglementation des mesures immédiates et des mesures à moyen terme ainsi qu’un suivi et des mesures dans le domaine de l'éducation. Un plan d’action sur le suicide peut faire partie d’un plan d’action général pour l'intervention précoce (cf. chapitre 6). Les directives municipales et cantonales, ou les pistes élaborée par certains associations ou organes spécialisés peuvent être utilisées comme modèles, par ex. :

 

Module de sensibilisation des encadrant·e·s «Rencontrer un·e jeune à risque suicidaire»

Le GRPS et Stop Suicide ont développé des modules de sensibilisation afin de pouvoir toucher un maximum de professionnel·les, notamment le personnel encadrant des établissements de formation. Ces modules sont proposés en complément de la formation de 2 jours « Faire face au risque suicidaires » qui est destinée aux professionnel·les plus directement en contact avec les jeunes en difficulté comme les médiatrices et médiateurs, infirmières et infomiers scolaires, psychologues ou médecins scolaires. L’Unité PSPS du canton de Vaud est associée à l’adaptation et à la co-animation de ces modules pour correspondre aux réalités scolaires et aux dispositifs de promotion de la santé et de prévention déjà présents dans les établissements. Ce module d’une demi-journée peut être organisé au sein de l’établissement pour un maximum  de 18 participant-e-s. Les objectifs sont de sensibiliser à la problématique du suicide les professionnel·les en contact avec des jeunes en crise suicidaire, leur permettre d’aborder la question suicidaire et d’adopter la bonne posture.  Une approche pluridisciplinaire est favorisée par l’intervention d’un binôme  d’intervenant·es santé-social de l’Unité PSPS, du GRPS et de STOP SUICIDE.