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SchoolMatters




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21 décembre 2021 | Flavia Glanzmann, RADIX Fondation suisse pour la santé (Chapitres 7.6-7.7)

07 Diversité

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7.5 Migration

Un grand merci à Carolin Krauss et à son équipe de la Croix-Rouge suisse pour leur précieuse contribution à ce chapitre. 

En 2020, l'immigration au sein de la population résidente permanente étrangère en Suisse s'est élevée à 136 962 personnes (-2,6% par rapport à l'année précédente) [1]. Le solde migratoire de la population résidente permanente étrangère était de 61 390 personnes (+11,6% par rapport à l'année précédente). Fin décembre 2020, 2 151 854 personnes d’origine étrangère vivaient en Suisse, dont voici le top 5 par nationalité : 15,3% d'Italie, 14,5% d'Allemagne, 12,1% du Portugal, 6,8% de France et 5,3% du Kosovo.

Les raisons qui poussent les gens à quitter leur pays sont aussi diverses que leurs parcours de vie. S'installer dans un nouveau pays provoque inévitablement du stress, même si la décision d'émigrer a été prise librement. La façon dont les gens font face individuellement à cette situation diffère en fonction de nombreux facteurs. Cela peut dépendre notamment des aspects suivants [2] :

  • Aptitude à communiquer dans la langue locale
  • Motif du déménagement (dû à la guerre ou à un autre traumatisme par ex.)
  • Evénements ou périodes antérieurs traumatisants (par ex. si les personnes migrantes ont dû rester dans des camps de réfugié·e·s pendant une période relativement longue)
  • Choix de la destination (choisie ou attribuée)
  • Accueil (sentiment d’être bienvenu·e·s ou non dans le nouveau pays)
  • Changement de statut (par ex. perte de statut associée à la migration)
  • Conditions de travail et de vie (sont-elles adéquates ?)
  • Existence de réseaux de soutien (par ex. dans les cas où la migration entraîne la séparation de la famille ou des amis)
  • Environnement de travail et environnement scolaire favorables
  • Divergences importantes entre les valeurs fondamentales du pays d'origine/initial et celles du nouveau pays

Sentiment de maîtrise de son existence

Le sentiment de maîtrise de son existence fait référence à l'évaluation subjective d'une personne quant à savoir si la cause d'un événement réside en elle ou dans d'autres personnes/environnement. Ce sentiment concerne plus précisément la tendance qu’ont les gens à considérer que les événements qui les touchent sont la conséquence de leurs propres actions ou, à l’inverse, qu’ils sont le résultat de facteurs externes sur lesquels ils et elles n’ont que peu d’influence (par ex. la chance, le hasard, les autres, etc.) [3]. Par exemple, une personne pensant que ses performances ou ce qui lui arrive dépendent essentiellement d’elle-même a un sentiment de maîtrise de son existence plutôt «interne». Elle attribuera un échec professionnel avant tout à ses propres erreurs. Au contraire, une personne pensant que ce qui lui arrive provient de facteurs extérieurs a un sentiment de maîtrise de son existence davantage «externe». Elle attribuera un échec professionnel à des causes davantage externes (mauvaises conditions de travail, collaboration problématique, …). Le sentiment de pouvoir maîtriser son existence peut influencer passablement l'estime de soi d'une personne [4].

L'école peut soutenir les élèves issu·e·s de l’immigration, en particulier lors de leur arrivée et dans la phase d'installation, en influençant ainsi le bien-être social et émotionnel des élèves et de leurs parents. En mettant en place des mesures spécifiques, l’école peut :

  • fournir un « refuge » grâce à un haut degré de prévisibilité et protéger contre des perceptions négatives de l'environnement scolaire ;
  • offrir à ses membres un environnement fiable et familier auquel ces personnes peuvent s'identifier et auquel elles peuvent se sentir appartenir.

Choc culturel

Le choc culturel est la perte d'équilibre émotionnel, la désorientation ou la confusion qu'une personne ressent lorsqu'elle passe d'un environnement familier à un environnement non familier ou inconnu [...]. La principale raison du choc culturel est la perte brutale de toute familiarité, qui entraîne un sentiment d'isolement [5].

Attachement et intégration
Par leur émigration, les migrant·e·s ont très probablement dû laisser derrière eux et elles de nombreux ami·e·s et membres de leur famille et doivent maintenant repartir à zéro dans un pays et une culture qui leur sont étrangers. En cette période d'incertitude et de changement, l'identification à sa propre culture, à ses traditions et aux personnes de son pays d'origine peut donner aux immigrant·e·s de la force et du soutien – mais elle peut aussi causer des problèmes. Ceci particulièrement si les traditions et coutumes du pays d'origine diffèrent fortement de celles du pays d'immigration, ne sont pas appréciées dans celui-ci ou sont même illégales (par exemple, l'excision). Si les écoles ont connaissance de tels rites illégaux, elles sont tenues de le signaler. La conséquence pourrait être que les migrant·e·s ne se sentent pas accepté·e·s, mais cherchent plutôt à entrer en contact avec des personnes de la même nationalité ou de la même culture et en tirent des sentiments d’appartenance ou d’attachement. 

Les problèmes liés à la nouvelle langue du pays d'immigration renforcent encore cette tendance. En conséquence, les immigrant·e·s sont perçu·e·s comme un groupe distinct qui veut rester à l’écart et ne souhaite pas d'intégration. Ces groupes apparaissent souvent étranges et effrayants aux yeux des autres élèves du pays d’accueil. Pour ces raisons, il est particulièrement important que l'école s'efforce d'intégrer les élèves migrant·e·s afin qu'ils et elles se sentent accepté·e·s, compris·e·s et soutenu·e·s dans le groupe ou la communauté existant·e et ne se replient pas trop dans «leur monde». Ils et elles ont besoin de structures claires, de prévisibilité et de cohérence de la part de l'école afin de la percevoir comme un lieu sûr. Par conséquent, l'école joue également un rôle décisif dans l'information des migrant·e·s sur les valeurs, les normes, les traditions, les coutumes et les lois du pays d'arrivée.

Intimidation et harcèlement entre élèves
Les brimades, le harcèlement-intimidation et la discrimination à l'encontre des élèves d'origine étrangère sont principalement fondés sur des attitudes racistes profondément ancrées, sur la peur des étrangers et étrangères (xénophobie) et sur un manque de tolérance. Les migrant·e·s sont perçu·e·s comme un groupe qui se distingue des autochtones par son origine, sa culture, sa langue, ses croyances ainsi que ses caractéristiques extérieures (couleur de la peau et des cheveux, taille du corps ou vêtements). Cette catégorisation s'accompagne souvent de l'attribution de certaines caractéristiques et de certains comportements (négatifs).

Racisme

Le racisme divise l'humanité en groupes ou en races considérés comme homogènes et supposant une identité collective et des caractéristiques et traits immuables.

Ces idées stéréotypées (souvent exagérées) semblent permettre aux gens de juger plus facilement les autres et de rendre le monde plus gérable. Cependant, elles conduisent principalement au fait que la personne n'est plus perçue dans son individualité. Elles privent les personnes concernées de toute possibilité de montrer qui elles sont et ce qu'elles peuvent faire. Les préjugés servent également à légitimer et à consolider les relations de pouvoir et semblent donc justifier les brimades, les intimidations, la discrimination et les actes de violence à l'encontre des personnes issues de l'immigration. Un manque de compétences linguistiques fait des personnes concernées des cibles particulièrement faciles (cf. également le chapitre 8).

Ici aussi, l'école a un rôle important à jouer. Elle a pour mission de créer un climat d'établissement et de classe dans lequel chaque membre de l'école est respecté·e et valorisé·e dans sa singularité et a la possibilité de participer pleinement à la vie scolaire. Dans les écoles et les classes qui s'efforcent de créer un sentiment approprié d’appartenance et d'unité entre toutes et tous les acteurs et actrices de l'école et les élèves en particulier, cela laisse moins de place pour les préjugés et leurs conséquences négatives.

1    OFS (2020c)
2    Weiss (2002)
3    Larose, Terrisse, Lefebvre & Grenon (2002)
4    Ibid.
5    Trudgen (2000)