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17 février 2023

07 Diversité

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7.4 Personnes LGBTIQ

Un grand merci à Caroline Dayer du DFJC Vaud et à Raphaël Guillet de du-bist-du pour leur précieuse contribution à ce chapitre.

Le sigle LGBTIQ réfère aux personnes gays, bisexuelles, trans*, intersexes, queer et en questionnement. Il s’est constitué car ces personnes sont davantage la cible de stigmatisation et de discriminations, de violences et d’invisibilisation et qu’elles n’ont pas les mêmes droits. Les parcours de ces personnes ne sont pas homogènes.

Glossaire

La thématique LGBTIQ englobe une terminologie complexe qui évolue relativement rapidement. Ci-dessous, nous vous proposons quelques précisions [1] :

Lesbienne
Terme utilisé pour désigner les femmes homosexuelles, c’est-à-dire ayant une orientation émotionnelle, romantique et/ou sexuelle envers une femme.

Gay
Terme utilisé pour désigner les hommes homosexuels, c’est-à-dire ayant une orientation émotionnelle, romantique et/ou sexuelle envers un homme.

Hétérosexuel·le
Terme utilisé pour désigner les personnes ayant une orientation émotionnelle, romantique et/ou sexuelle vers une personne de sexe différent.

Bisexuel·le
Terme utilisé pour désigner les personnes se sentant attirées par plus d’un sexe (biologiquement ou socialement). Se distingue du terme « pansexuel·le » qui inclut l’attirance sans distinction de sexe.

Transgenre
Terme utilisé pour désigner les personnes dont l'identité de genre ne correspond pas, ou pas entièrement, au sexe attribué à la naissance sur la base de caractéristiques externes. Notons que le terme transsexuel désigne généralement les personnes transgenres opérées. Les personnes non-binaires peuvent ou non s’identifier comme trans.

Cisgenre
Terme utilisé pour désigner les personnes dont l’identité de genre correspond au sexe qui leur a été attribué à la naissance (c’est-à-dire les personnes qui ne sont pas membres d’une minorité de genre) et qui sont attirées par des personnes d’un autre sexe.

Femme cisgenre
Personne à qui on a atribué le sexe féminin à la naissance et qui s’identifie et vit comme une femme.

Homme cisgenre
Personne à qui on a attribué le sexe masculin à la naissance et qui s’identifie et vit comme un homme.

Non-binaire
Terme générique utilisé pour désigner les identités de genre pour lesquelles les personnes ne s’identifient pas exclusivement comme homme ou femme. Ce terme englobe de nombreuses catégories, par exemple les personnes qui s’identifient comme «agender», «genderqueer» ou «gender fluid».

Queer 
Terme principalement utilisé pour désigner les personnes ne se reconnaissant pas dans la sexualité hétérosexuelle ou ne se sentant pas appartenir à un genre défini.

Intersexe
Terme générique désignant les personnes dont les caractéristiques sexuelles (hormones, chromosomes et organes reproducteurs externes et internes) diffèrent des caractéristiques typiquement masculines ou féminines.

Pansexuel·le
Terme utilisé pour désigner les personnes se sentant attirées par d’autres personnes, indépendamment de leur identité sexuelle/de genre.

Asexuel·le
Terme utilisé pour désigner les personnes qui n’ont pas besoin ou pas d’intérêt dans les relations sexuelles et qui revendiquent le droit de ne pas ressentir d’attirance physique ou sexuelle.

En questionnement («Questionning»)
Personnes qui se posent des questions sur leur genre/sexe.

Allié·e·s
Personnes hétérosexuelles ralliées à la cause de la communauté LGBT+ face à l’homophobie.

Hétéronormativité
Attitude selon laquelle l’hétérosexualité est la norme et toutes les autres orientations sexuelles sont rendues invisibles ou présentées comme des phénomènes marginaux.

Cisnormativité
Attitude selon laquelle les identités cisgenres et la bisexualité constituent la norme et toutes les autres identités de genre (trans, non-binaire, etc.) sont rendues invisibles ou considérées comme des phénomènes marginaux.

Notons que l’hétéronormativité et la cisnormativité dans les écoles suisses sont bien documentées et contribuent à ce que les élèves LGBTIQ ne se sentent pas en sécurité à l’école et subissent du harcèlement-intimidation ou des violences. Ils et elles n’osent souvent pas demander de l’aide aux adultes de l’école et en parler [2,3].

Violences et répercussions

Une recherche menée dans les cantons de Vaud et de Zurich souligne que les élèves dont l’orientation affective et sexuelle n’est pas exclusivement hétérosexuelle sont davantage la cible de harcèlement-intimidation entre élèves que leurs camarades. Le risque est 5 fois plus élevé [4]. De plus, les tentatives de suicide sont 2 à 5 fois plus élevées (1 personne sur 4 ou 5, encore plus hautes pour les élèves trans*), elles ont lieu principalement avant l’âge de 20 ans et fréquemment autour du premier coming out lorsqu’il se passe mal [5].

Dans l'étude menée par le ministère des Affaires sociales, de la santé et de l'égalité de la Basse-Saxe (Allemagne) sur la situation de vie des jeunes homosexuel·le·s, 67 % des personnes interrogées ont fait état d'expériences négatives à la suite de leur coming out [6]. Les actes de violences rapportés comptent des attaques verbales (38%) des actes d’exclusion (39%), de la violence physique (7%) ainsi que des agressions sexuelles (5%). Une étude menée à Berlin présente des résultats similaires [7].

Le problème n’est pas l’orientation affective et sexuelle des élèves ou leur identité de genre mais l’homophobie et la transphobie ainsi que la crainte du rejet [8]. Les craintes de ces personnes ne sont pas infondées : les résultats d'une étude de l'Institut pour la prévention de la délinquance et de la criminalité (IDK) de la ZHAW [1] montrent qu'entre 10,3 et 29,9% des personnes interrogées approuvent les attitudes homophobes. Les mariages entre personnes de même sexe font notamment partie des aspects rejetés par les personnes interrogées. Par ailleurs, si l’homophobie est parfois vue comme un ancien problème, les chiffres montrent que c’est encore loin d’être le cas : 14,3% des jeunes interrogé·e·s dans le cadre d'une enquête suisse ont exprimé l'opinion selon laquelle l'homosexualité était immorale et 29,9% rejettent le mariage entre personnes de même sexe. Finalement, 23,3% des jeunes ont qualifié de «dégoûtant» le fait que des homosexuel·le·s s'embrassent en public. Notons encore que les jeunes hommes sont également plus enclins à adopter des attitudes homophobes que les jeunes femmes, les indices étant deux fois plus élevés chez les adolescents que chez les adolescentes [9]. 

En outre, plus du tiers des élèves se définissant comme hétérosexuel·le·s sont la cible d’homophobie [10]. Les stéréotypes de genre et les injonctions sexistes sont intriqués à l’homophobie et à la transphobie (triade sexe-genre-sexualité, Dayer, 2014/2017). Moins les enfants et les jeunes se conforment aux normes du genre qui leur a été assigné, plus elles et ils risquent d'être cibles de violence, de (cyber)intimidation et d’abus à l'école. Une étude nationale canadienne révèle un taux de 68,2% de harcèlement verbal chez les jeunes transgenres de 12 à 18 ans [11]. Des pensées suicidaires et des tentatives de suicide avérées, des souffrances psychologiques, des dépressions et des échecs scolaires peuvent en résulter. Une étude réalisée en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles [12] a montré que 40% des jeunes qui sont cibles d'intimidation homophobe avaient pensé au suicide.

Pour les élèves LGBTIQ, il existe un moindre soutien des facteurs de protection habituels tels que l’école, la famille et les pairs [13]. Le rejet peut en effet être vécu au sein de sa propre famille. L’intervention précoce et le soutien à plusieurs niveaux sont importants pour réduire les difficultés psychologiques et les tentatives de suicide (voir aussi le chapitre 7 Harcèlement-intimidation et violences entre élèves).

Prévention, intervention et accompagnement

Le soutien de l’école et de la famille joue un rôle décisif. En contexte scolaire, la prévention et la réaction des professionnel·le·s face à l’homophobie et la transphobie permet de signifier un soutien clair. Afin de briser les tabous, les projets de promotion de la santé et de la diversité contribuent à briser le silence, tout comme l’intégration de ces questions dans pratiques éducatives et les enseignements. Il s’agit d’articuler les axes relatifs à la prévention, l’intervention et la promotion [14].

L’accompagnement des élèves LGBTIQ par des personnes formées est indispensable. Concernant plus précisément les élèves trans* et non binaires, il s’agit d’incarner une posture transaffirmative [15].

Ressources pour les écoles/enseignant·e·s

  1. Exemple du Plan d’action vaudois, avec conférence de presse et communiqué de presse. 
  2. Prestations de l'unité PSPS en termes de développement de la diversité à l'école, notamment la brochure : Diversité de Genre et d’Orientation Sexuelle (DIGOS). Memento à l’usage des intervenant·e·s de l’école
  3. Elèves transgenres. Guide de bonnes pratiques lors d’une transition de genre dans un établissement scolaire de formation.
  4. « Trans Pupils - Best Practice Guide for Transition in School and Education » par l'organisation Transgender Network Switzerland (TGNS). Ce site Web renvoie au matériel pédagogique existant, à des idées de leçons ainsi qu'à la littérature spécialisée que l'organisation juge utile pour la thématisation.

Références additionnelles :

Associations pour la diversité sexuelle, affective et de genre :

Association de familles dans laquelle un parent, au moins, se définit comme homosexuel, lesbienne, bisexuel·le, queer ou trans :

Association suisse pour les Intersexes :

 

1    Hässler & Eisner (2020)
2    Gerny (2020) ; Papalia, Olds & Felman (2010)
3    BFS (2020b)
4    Lucia et al. (2017)
5    Udrisard et al., 2021 sous presse
6    Biechele, Reisbeck & Keupp (2001)
7    Jugendnetzwerk Lambda (2001)
8    Dayer, 2017
9    Gerny (2020)
10  Chamberland et al., 2013
11  Transgender Network Switzerland TGN (2019)
12  Statham, Jadva & Daly (2012)
13  Dayer (2013, 2016) ; Panel Suisse LGBTIQ (2020)
14  Dayer (2017)
15  Pullen Sansfaçon & Medico (2021)