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30 mars 2023 | Flavia Glanzmann, RADIX Fondation suisse pour la santé (Chapitres 7.6-7.7)

07 Diversité

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7.6 Image corporelle

Un grand merci à Brigitte Rychen de la Fachstelle PEP (Prävention Essstörungen Praxisnah) pour sa précieuse contribution à ce chapitre. 

« Un poids corporel sain est plus qu'un indice de masse corporelle (IMC) dans la fourchette normale. C'est aussi une relation saine avec son propre corps » [1].

L'adolescence est une phase de développement très critique en ce qui concerne le développement de l'identité. Elle se caractérise par de forts changements physiques [2]. Les adolescent·e·s sont particulièrement vulnérables durant cette période, car elles et ils ressentent souvent leur corps en mutation comme peu attrayant, surtout au début de la puberté, et doivent faire face à de nombreuses insécurités et craintes concernant leur corps [3]. En outre, elles et ils sont déstabilisé·e·s par des idéaux de beauté déconnectés de la réalité, que l'on retrouve partout dans les médias numériques et imprimés [4]. Les jeunes doivent d'abord se familiariser avec leur corps en mutation et développer une nouvelle image corporelle [5].   

En 2018, environ la moitié des jeunes de 11 à 15 ans en Suisse étaient satisfait·e·s de leur poids corporel [6]. Il convient de noter que l'IMC ne correspondait souvent pas à la façon dont les adolescent·e·s percevaient leur poids corporel. Les filles avaient tendance à surestimer leur poids corporel, tandis que les garçons le sous-estimaient plus souvent. Dans l'ensemble, les garçons avaient une image corporelle plus positive que les filles. Une comparaison entre les données de la Suisse alémanique (2015) et de la Suisse romande (2016) chez les jeunes de 13 à 16 ans indique que les jeunes hommes de Suisse romande sont significativement moins satisfaits de leur poids corporel. D'après ces données, environ un tiers des jeunes femmes des deux régions linguistiques sont satisfaites de leur propre corps [7]. De nombreux jeunes pensent qu'ils ou elles auraient davantage confiance en eux ou elles et seraient plus heureux ou heureuses s'ils ou elles pouvaient changer de corps [8].

Concept d'image corporelle

L'image corporelle décrit l'attitude subjective à l'égard de son propre corps et la satisfaction qu'il procure – indépendamment des conditions objectives telles que le poids, la forme du corps ou d'autres caractéristiques externes comme la couleur de la peau, la distance entre les yeux et la forme du nez. Elle se forme toujours en raison des interactions entre la personne et son environnement. Il s'agit de l'influence mutuelle du contexte socio-culturel et des expériences interpersonnelles (par exemple, la socialisation culturelle, également par le biais d'un idéal de beauté dominant, le retour d'informations, l'apprentissage de modèles), des facteurs personnels cognitifs et émotionnels (par exemple, l'estime de soi), des caractéristiques physiques (poids corporel, apparence physique) ainsi que du comportement (comportement alimentaire malsain/sain, rapport au corps). L'image corporelle est une composante importante de notre identité et de l’image de soi [9].

Les facteurs conduisant à une image corporelle négative sont une forte insatisfaction, des pensées et des sentiments négatifs à l'égard de son propre corps [10] ainsi qu'une forte pression due à l'idéal culturel de beauté, aux messages sociaux et aux traits de personnalité individuels [11]. Une image corporelle négative devient problématique lorsque le désir de changer son corps conduit à un comportement qui met en danger la santé ou lorsqu'il affecte sérieusement la santé psychique. Cela se manifeste, par exemple, par un comportement alimentaire perturbé, l'absence ou l'excès d'activité sportive, l'augmentation de la consommation de substances psychoactives, un comportement sexuel à risque, l'absentéisme scolaire, l'incapacité à avoir des relations ou le retrait social [12] et peut donc avoir des conséquences défavorables sur le développement global [13]. Par exemple, les personnes concernées souffrent souvent d'un manque d'estime de soi et se sentent exclues socialement, de sorte que la dépression et également les suicides sont plus fréquents que la moyenne.

Une image corporelle positive, en revanche, favorise le développement sain des jeunes dans tous les domaines de la vie. Elles et ils ont une estime de soi et une acceptation de soi plus positives, il leur est plus facile, entre autres, d'élargir leurs possibilités mentales et physiques, de se faire des ami·e·s, de devenir indépendant·e·s ou de développer des forces et des talents spécifiques, et elles et ils ont une attitude plus saine vis-à-vis de la nourriture, de l'alimentation et de l'exercice physique [14]. En outre, une attitude positive vis-à-vis de son propre corps est importante pour que les mesures en faveur d'une alimentation saine et de l'exercice physique fassent effet chez les enfants et les adolescent·e·s [15].  

Harcèlement-intimidation entre élèves
La diversité dans la classe ne se limite pas à l'origine, à la couleur de peau ou à la religion, mais aussi à la variété des apparences physiques [16], celles-ci ayant désormais un impact sur le positionnement social [17]. 41 % des enfants et des adolescent·e·s de Suisse et du Liechtenstein sont touché·e·s par une forme de discrimination, qu'elle soit fondée sur l'origine, le sexe ou l'apparence. Avec 21,4 %, l'apparence est la valeur rapportée la plus élevée [18].

En particulier, les changements visibles de l'extérieur, conséquents de maladies ou de blessures – comme les maladies de la peau ou les lésions de l'appareil locomoteur – peuvent être à l'origine de brimades et être vécus comme stigmatisants (cf. chapitre 7.2), rendre difficile l'adaptation aux changements physiques pendant la puberté et altérer gravement la qualité de vie [19]. Les enfants devraient apprendre à accepter leur propre corps et à reconnaître et accepter la diversité des caractéristiques physiques [20]. L'appréciation de cette diversité peut servir de base à l'acceptation de la différence.

Il est donc important de briser les images standardisées du corps, telles qu'elles sont véhiculées par les médias aujourd'hui, et d'aborder la diversité corporelle de manière positive. Si un·e enfant est exclu·e en raison de son apparence physique, la question doit être abordée et le problème de l'exclusion doit être discuté en classe. Les craintes et les sentiments négatifs liés à la différence doivent être exprimés et discutés [21] (voir également le chapitre 8).

Soutien social
Une ressource cruciale pour une image corporelle positive – et avec elle le renforcement des compétences psychosociales et de la résilience – est le soutien social, c'est-à-dire l'acceptation dans les groupes de pair·e·s et la famille ainsi que de bonnes relations sociales en général [22]. Un engagement critique vis-à-vis des réalités du web et une saine estime de soi sont également essentiels pour promouvoir une image corporelle positive [23]. Dans ce contexte, il est aussi important de montrer aux élèves les aspects positifs et négatifs des médias sociaux et d’internet.  

Les écoles peuvent créer des conditions-cadres qui aident les élèves à développer une relation saine avec leur propre corps, à bien gérer les changements physiques de la puberté et à les protéger de la discrimination. Bien entendu il ne s’agit pas de mettre en avant un objectif de corps mince et standardisé, mais la tolérance de la diversité des différentes formes de corps. Une culture scolaire qui valorise une coopération harmonieuse et se caractérise par un climat de discussion bienveillant, qui tolère les erreurs et les faiblesses et ne met pas les élèves sous une pression inutile pour qu'ils et elles soient performant·e·s, constitue la base de tous les efforts de prévention [24] (voir également le chapitre 3).

Recommandations pratiques pour renforcer une image corporelle positive [25] :

  • Reconnaissance de la diversité
  • Manipulation prudente de son propre corps, traiter son corps avec bienveillance
  • Renforcement des compétences médias
  • Renforcement des compétences de vie (conscience de soi et attention à soi, régulation des émotions, résolution de problèmes et gestion du stress, pensée critique)
  • Soutien social

Ressources :

En collaboration avec Promotion Santé Suisse, l'unité spécialisée PEP (Prävention, Essstörungen, Praxisnah) – Prévention, Troubles de l'alimentation, Pratique – aide les enfants et les jeunes à développer une image corporelle positive (image corporelle saine) le plus indépendamment possible des influences extérieures. Plus d'informations sur www.pepinfo.ch.

En outre, en collaboration avec ciao.ch et santepsy.ch, le programme #MOICMOI, soutenu par Promotion Santé Suisse, vise à soutenir le développement de l’identité des jeunes en favorisant une image de soi positive ainsi qu’une saine estime de soi, avec un focus sur l’image corporelle. Concrètement, le programme développe des ressources et des outils adaptés et évolutifs pour accompagner les jeunes à l’école, dans les structures extrascolaires et pour le public en général. Plus d’informations sur le programme sur www.moicmoi.ch et sur le thème de l’image corporelle sur moicmoi.ch/image-corporelle.

1    Gesundheitsförderung Schweiz (o.J.)
2    Buddeberg-Fischer. & Klaghofer (2002)
3    Schär & Weber (2015)
4    Kanton St. Gallen (2020)
5    Schuch (2019)
6    Delgrande Jordan et al. (2020)
7    Gesundheitsförderung Schweiz (2017)
8    Schär & Weber (2015)
9    Forrester-Knauss (2014) ; Promotion Santé Suisse (2016) ; Dittmar (2009).
10  Piran & Teall (2015)
11  Posch (2009)
12  Schulte-Abel et al. (2013)
13  Schär & Weber (2015)
14  Gesundheitsförderung Schweiz (2016)
15  Schulte-Abel et al. (2013)
16  ibid.
17  Rychen (2020)
18  Brüschweiler et al. (2021)
19  Alexandra Martin & Jenniver Salvadin, 2015
20  Schulte-Abel et al. (2013)
21  Kanton St. Gallen (2020)
22  Gesundheitsförderung Schweiz (2017)
23  Jugend und Medien (o.J.)
24  Schuch (2019).
25  Gesundheitsförderung Schweiz (2017)