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SchoolMatters




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21 décembre 2021

05 Défis en matière de santé psychique

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5.3 Choix du langage concernant la santé et les troubles psychiques

Un grand merci à Roger Staub de Pro Mente sana pour sa contribution à ce chapitre.

Actuellement, les maladies psychiques sont encore taboues dans de nombreuses sociétés. Concernant les sujets tabous, que l’on n’aborde généralement pas, nous manquons de représentations, de connaissances et d’un langage adéquat pour les aborder, ce qui se confirme avec le thème de la santé et des troubles psychiques. Ajoutons encore la stigmatisation, la discrimination et l'exclusion, qui font également partie du tableau. En effet, il y a quelques décennies encore, les personnes atteintes de maladies psychiques graves étaient envoyées et enfermées dans des institutions psychiatriques. Même si ce n'est heureusement plus le cas aujourd'hui, nous continuons à marginaliser les personnes qui sont en détresse psychique en utilisant au quotidien des termes péjoratifs à leur égard. L’emploi de termes tels que «asile de fous», «faible d’esprit» ou «malade mental» participe en effet à marquer une différence entre «nous» et «les autres».

D’ailleurs, les personnes qui remarquent qu’elles sont en décalage ou ont un problème psychique se rendent en général rapidement compte qu'elles appartiennent à ces autres. Par crainte de la stigmatisation, de la discrimination et de l'exclusion, elles ont alors tendance à cacher leurs problèmes et à ne pas chercher de l’aide en cas d'urgence. Beaucoup restent silencieuses et souffrent, au risque que des troubles psychiques non traités s'aggravent avec le temps (voir également chapitre 6).

Les enseignant·e·s peuvent prévenir la stigmatisation par leur langage, en évitant les termes péjoratifs, en choisissant consciemment leurs mots et en utilisant des concepts (spécialisés) corrects. Souvent, des termes tels que «dépression nerveuse» ou «pétage de plombs» sont utilisés de manière courante, même dans la salle des professeur·e·s, sans avoir conscience que ces termes sont souvent associés à une dévalorisation personnelle ou à l'attribution d'une faiblesse. Il serait peut-être plus approprié de parler de «vulnérabilités» ou de «problèmes psychiques», par exemple. Le langage quotidien des enseignant·e·s influence également la perception que les élèves ont d'eux/elles-mêmes et leur propre évaluation de leurs contributions.

En outre, les enseignant·e·s doivent éviter d'étiqueter les élèves (descriptions discriminatoires) sur la base, par exemple, de leur apparence, de leur intellect, de leur genre, de leur statut socio-économique, de leur milieu familial, de leur apparence physique, de leur handicap ou de leur orientation sexuelle. Les étiquettes renvoient les jeunes à des stéréotypes et représentent une menace potentielle pour leur santé psychique.

Pour une atmosphère de classe favorable à la santé, il est également essentiel que les enseignant·e·s ne perpétuent pas ou ne transmettent pas de stéréotypes, de mythes ou de mauvaises interprétations sur des sujets tels que la culture, la surcharge psychique ou le harcèlement. Au contraire, ils et elles doivent contribuer à la réduction des préjugés qui naissent de l'ignorance et donner aux élèves la possibilité de remettre en question plutôt que de juger.